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mercredi 24 décembre 2014

Telle était ma mère

Telle était ma mère - Cheikh Omar Palanpuri

Durant notre enfance, nous voyions notre mère prier, implorer vigoureusement la grâce d'Allah. A cette époque, notre mère nous enseignait le sens et l'exégèse de la sourate al Kahf ( La Caverne ), ce qui a marqué à jamais nos esprits. Je me souviens d'elle nous détaillant l'histoire de ce tyran cité dans la sourate Al Bourouj qui avait ordonné que les croyants soient jetés au fond d'un fossé de feu .

L'un des moyens de réformer ses enfants :

Quand elle rentrait du marché , elle nous laissait partager entre nous les
courses et observait lesquels étaient avides et lesquels avaient bon cœur et par la suite, nous instruisait en conséquence.
Ma mère souhaitait que j’étudie la religion ,tandis que les autres auraient préféré que je m'engage dans des études profanes afin de garantir un avenir plus sûr. Toutefois ma mère défendit fermement sa position et m'affirma que si j’obtenais la véritable connaissance de la religion, le monde viendrait à mes pieds .Je me demandais alors naïvement comment cela serait-il possible.

D
es exemples des Prophètes précédents ( la paix soit sur eux )pour nous familiariser avec les façons religieuses en citant :

Pour me familiariser avec les convenances de l'Islam , elle me demandait de lire l'histoire des prophètes Moïse ( Moussa ), Joseph ( Yousouf ) etc.

Un jour alors que je lisais avec elle me servant d'une lampe à huile pour m'éclairer, les bougies coûtant alors cher, ma mère me dit :


«Quand le lien est maintenu entre Allah et Son serviteur , Allah accorde à son serviteur ce qu'il implore de Lui. Puis,elle s'exclama avec beaucoup d'affection [par ces termes]

«Mon fils , aujourd'hui je t'écoute dans cette pièce sombre , puisse Allah glorifié et exalté faire que les masses se pressent pour t'écouter un jour ».

A cette période, mon professeur qui devait se rendre dans sa ville natale dans l’état de l'Uttar Pradesh demanda à ma mère de m'envoyer avec lui là où je pourrais continuer mes études afin d'assurer mon admission dans l'institution religieuse la plus connue en Inde.

Ma mère accepta de m'envoyer aussitôt mais au moins cinquante roupies était nécessaires pour les frais de route et d'autres dépenses. Elle qui n'avait pas les moyens décida cependant d'emprunter de l'argent et assura mon départ . En six mois , j'obtins le niveau requis pour l'admission (à l'université). Je m'inscrit alors et y commençai mes études.

Je plongeai dans la lecture et fus peu soucieux de ma santé, non sans conséquence puisque j' attrapai une maladie mortelle, la tuberculose. J'ai également eu des problèmes aux yeux. Ma mère exigea mon retour à Bombay ( aujourd'hui Mumbai ) et fondu en larmes lorsqu'elle me vu (dans cet état).

Les médecins que j'avais consultés et qui me diagnostiquèrent conclurent que la maladie en était à sa troisième phase et que les chances de survie demeuraient faibles. Ils prescrivirent les médicaments(sans grange conviction) )et considéraient mon cas comme désespéré. Cependant, je fis une autre volonté. Je dis à ma mère que si, après tout je devais mourir, pourquoi ne serait-ce pas au service d'Allah, ce qui la bouleversa davantage. Je repris mes études à Bombay et sortis 4 mois dans la voie d'Allah pour le Tabligh.

Entre temps, je me mariai et eus des enfants . Ma mère avait repris son habitude de s'asseoir avec moi pour écouter le Coran. Lorsque l'enfer était mentionné, elle pleurait, tandis que l’évocation du Paradis l'exaltait. Parfois, j'omettais volontairement de réciter les passages faisant mention de l'enfer, mais elle le remarquait et me demandait de lire (sans rien altérer).

La dernière année de mes études fut extrêmement pénible, ma mère, devenu aveugle, ayant perdu ses dents et ne supportant plus son propre poids, m'envoya malgré tout à plus de 2000 kilomètres compléter mon cursus .

Son état ​​se détériora peu de temps après mon arrivée à la madrassa , mais je ne savais pas . Tous les proches parents s’inquiétèrent de l'ampleur de la maladie. Ils se réunirent, y compris mes sœurs et décidèrent de me prévenir par télégraphe, mais elle leur interdit en objectant:

«Si je meurs et qu' Allah me demande :
'Qu'est-ce que vous avez apporté( en œuvres) ? Je voudrai pouvoir dire :
-Seigneur,mes mains sont vides, toutefois j'ai laissé mon fils à Votre service. Mon fils servira la cause de mon pardon. '»

Puis, elle fut prise de somnolence. Mes sœurs et les autres, comme je l'appris par la suite, lui firent la toilette et l’habillèrent. Quand ils l’allongèrent sur son lit, elle dit alors sentir de douces odeurs s'insinuer dans ​​son nez, bien que son système
olfactif n’était absolument pas fonctionnel.

C'est alors qu'elle s'exclama :
« asSalamou 'alaykoum wa rahmatoulLah wa barakatouh »,puis elle eu un éclat de rire et tomba inconsciente.

Une fois réveillée, les femmes autour d'elle l’interrogèrent sur son éclat de rire et qui elle saluait.  Elle leur dit qu'elle avait vu son fils (Omar Planpouri ) au milieu de deux anges et se réjouit de voir son fils.

Imaginez, elle avait perdu la vue et ne pouvait pas voir les gens assis à ses côtés, mais pouvait voir son fils qui se trouvait à une distance de plus de 2000 kilomètres. Plus tard, elle décéda puis j'en fus informé, mais je ne pus me déplacer pour l'occasion car javais encore un semestre à compléter. J’ai prié pour que son âme puisse reposer en paix et je ne suis rentré chez moi qu'après avoir terminé mon année d’étude.


Ses prières , l'éducation de ses enfants, ses efforts, ses sacrifices et ... la prédiction que son fils , Omar Palanpuri ( qu'Allah lui accorde Sa miséricorde ) serait un jour écouté par des centaines de milliers de personnes est devenu réalité , encore et encore , le résultat de ses sacrifices était telle que le monde musulman connu (grâce à elle) l'un de ses plus grands savants, connu comme étant le l'orateur de l'effort du Tabligh , qui non seulement à prononcer des discours devant des multitudes , mais s'est même exprimé dans les rassemblements réunissant la crème de la crème du Hijaz parmi les savants.


jeudi 18 avril 2013

Quand l'ignorant devient savant

En 1950, une jamaat(un groupe en sortie dans la voie d'Allah) de l'Inde partit en Arabie.Il y avait dans cette jamaat Cheikh Said Khan, Cheikh OubeydoulLah et Miyanji Mehrab qui était le seul non 'alim(savant). 

Au même moment, à Madinah avait lieu un séminaire réunissant toutes les organisations mondiales travaillant pour dîn. Quand on apprit que la jamat était à Madinah, on leur adressa une invitation pour qu'ils viennent eux aussi expliquer leur effort. Les frères firent mashwarah(se concertèrent) et on désigna Miyanji Mehrab pour parler à la tribune. Celui protesta:''je suis le seul non 'alim et en plus je ne parle pas l'arabe'' Cheikh Said Khan répliqua ''je traduirai pour toi, la mashwarah t'a designé, fais itâ'at(Obéis!)'' 

Toutes les organisations expliquèrent leur effort et quand ce fut le tour de Miyanji Mehrab celui-ci dit:
''Sans aucun doute vos efforts sont des efforts de dîn et Allah vous récompensera pour cela. Mais ce sont des efforts madani(propre à l’époque médinoise). Ce que nous faisons est l'effort makki(référence à l’époque mecquoise), qui consiste à préparer les cœurs au sacrifice pour le dîn, préparer les cœurs aux dérangements pour la cause du dîn. L'effort madani ne porta ses fruits quand on plaça la graine dans la terre qu'après que cette terre fut retournée de toutes parts par les sacrifices et les efforts makki.'' Les frères furent très impressionnés par cette réponse mais un frère arabe se leva et posa cette question ''D'accord pour ta réponse mais au nom de quoi vous autres indiens viendriez nous faire dawah à nous alors que le Dernier des envoyés arriva chez nous? '' Miyanji Mehrab s'affola et dit à Cheikh Said Khan ''Vous m'avez dit de parler. Dîtes moi ce que je dois repondre à cela.'' Mw Said Khan sourit et dit ''Dis-lui que certes le Dernier et le plus grand des Prophètes vint chez vous, mais le premier des prophètes vint chez nous en Inde !'' Quand Miyanji Mehrab fit cette réponse, un takbir général se fit entendre. Puis la jamaat donna dawat et dit aux frères de venir les voir dans telle mosquée.

Quelques jours plus tard une délégation vint voir la jamaat. Cette fois-ci la mashwarah désigna Cheikh Said Khan et Cheikh Oubeydoullah pour leur parler. Quand ils commencèrent à parler, un frère arabe se leva et dit ''Qui sont ces deux ignorants? Mettez le Cheikh-oul-Hind de la dernière fois !'' Et Miyanji Mehrab de remarquer ''Voilà comment l’obéissance à la mashwarah éleva un ignorant au rang de Cheikh-oul-Hind !'' Les mashaikhs disent que cet effort n'est pas pour le rusé qui est compétent mais qui ruse pour éviter à avoir à se soumettre. Cet effort est pour celui qui pense qu'il est rempli de défauts mais qu'en emmenant dans sa vie la qualité de l’obéissance, Allah changera sa personne.

mardi 2 avril 2013

L'abbé Jean-Marie Duchemin (1908-1988)(abdulmajid) Ancien prêtre français

L'abbé Jean-Marie Duchemin (1908-1988)(abdulmajid)
Ancien prêtre français


L'abbé Jean-Marie Duchemin (1908-1988) était une figure connue du catholicisme sarthois. Son action considérable, menée inlassablement pendant 25 ans, en faveur des plus défavorisés, l'avait fait connaître dans tout l'Ouest de la France. L'aide conséquente qu'il a apportée aux travailleurs immigrés maghrébins et africains l'a conduit à s'intéresser de près à leur vie religieuse et à en approfondir la connaissance. Après des années de méditation et d'étude comparée du christianisme et de l'islam, il décida de devenir musulman. Peu de temps avant sa décision de rendre publique sa conversion à l'islam - qui n'était connue que d'une poignée de confidents - , il consigna par écrit les raisons qui le conduisirent à effectuer ce choix dans un texte écrit à la troisième personne. Ce texte autobiographique, emprunt de modestie et de simplicité de style, et écrit à la troisième personne, qui doit dater de 1983.
Le père Abdelmagid Jean-Marie Duchemin est mort le 6 septembre 1988 à Casablanca où il s'était installé à l'automne précédent. Il est enterré au cimetière de Sidi Othman, quartier des anciennes carrières, dans la banlieue de la capitale économique du Maroc.


Texte autobiographique du père Abdelmajid Jean-Marie DUCHEMIN
Né en 1908 d'une famille profondément catholique, croyante et foncièrement pratiquante, à 10 ans il était mieux instruit et convaincu des dogmes, de la morale et des prescriptions liturgiques que beaucoup de chrétiens adultes. Pour lui, vivre et croire ne faisait qu'un. Tout enfant, il avait ressenti un irrésistible appel au sacerdoce et plus tard il ne pensa jamais qu'autre pouvait être sa voie ; même si des professions ou des activités culturelles prirent charmes et attraits à ses yeux. Selon la théologie de l'époque, selon l'enseignement religieux reçu dans la famille, à l'école chrétienne qu'il fréquentait et dans les prédications de l'Église dont l'écoute était pour lui pleine de charmes, malgré son jeune âge, il était convaincu que "hors de l'Église, point de salut".
Mahométans
Il n'avait que très rarement entendu parlé du "mahométisme" - que l'on plaçait au même rang que le paganisme et le fétichisme -, et toujours de façon désavantageuse et méprisante. Or, vers sa dixième ou onzième année, pendant une explication, faite par la maîtresse de sa classe, de la leçon "La religion catholique est la seule vraie religion de Jésus Christ, capable d'apporter le salut", l'institutrice pour étayer son propos en vint à parler des autres religions. Elle condamnait allègrement à l'enfer tous les tenants des autres religions chrétiennes : protestants et orthodoxes, ne réservant le ciel qu'aux seuls catholiques Romains.
Quant aux religions non chrétiennes, elle était pleine de mépris pour leurs adeptes : les infâmes juifs qui avaient mis à mort le bon Jésus; les hindouistes, pauvres ignorants adorateurs de multiples dieux monstrueux ; les "mahométans" - des fanatiques trompés par le suppôt de Satan qu'était le débauché Mahomet -, avaient massacré des chrétiens, et les glorieux Croisés n'avaient malheureusement pu tous les exterminer alors que les courageux missionnaires s'efforçaient encore de les évangéliser au prix de douloureux sacrifices et même au péril de leur vie.
Cette brave institutrice, dans l'intention de se moquer, parla du fanatisme de ces mahométans, capables de mourir en combattant pour propager leur religion; de s'astreindre à des purifications pour s'approcher de la prière, faite sur un ridicule petit tapis; de se soumettre à un jeûne rigoureux toute la journée et de se goinfrer de nourriture toute la nuit, et cela pendant un mois; de se priver de porc et de vin alors qu'il est bien connu que c'est Dieu qui a créé tout cela pour le bien des hommes...! Cette explication finit par provoquer une réaction inattendue chez le jeune auditeur : il eut pitié de ces pauvres mahométans qui, songeait-il, bien que dans l'erreur, accomplissaient à cause de leur foi, des actes de générosité et de courage que bien des chrétiens ne voudraient pas s'imposer.
À partir de là, il conçut tout à la fois une grande pitié et une grande sympathie pour les musulmans. Il espérait, le jour où il deviendrait prêtre, aller les évangéliser et leur apporter ainsi le salut que leur foi méritait. Durant son enfance et sa prime jeunesse, il priait pour les infidèles et, spécialement, pour les musulmans; lisait toutes les publications missionnaires qu'il pouvait se procurer; et versait sur son petit pécule, aux œuvres missionnaires.
Vers seize ans, il prit conseil, désirant se préparer à entrer dans l'ordre des Capucins, afin d'aller en mission en pays musulman. Sa santé, plus que précaire depuis sa naissance, détermina son interlocuteur à lui conseiller d'attendre et remettre à plus tard, quand son état physique le lui permettrait, la réalisation de son rêve.
Opinion personnelle
À vingt ans, il entra au séminaire pour se préparer à la prêtrise. Là, il fut à même de consulter quelques ouvrages traitant des religions et, précisément, de l'islam. Malgré le caractère tendancieux et plus ou moins sectaire des publications catholiques de cette époque, il parvint à se constituer une opinion personnelle sur Mahomet et sur l'islam. Pour lui, Mahomet était sincère et "craignant Dieu"; les musulmans étaient respectables et, bien souvent, à admirer pour la fermeté de leurs convictions religieuses. Pour lui, l'islam était une religion sérieuse qui, sans posséder toute la vérité, en détenait suffisamment pour conduire ses adeptes au salut. Selon le vocabulaire de l'époque, les musulmans, tout en étant hors du "corps" de l'Église, faisaient partie de l'âme de l'Église et, par là, pouvaient être sauvés.
Modèle foucaldien
Reçu prêtre en 1933, il fut nommé vicaire. Depuis déjà plusieurs années, il avait eu connaissance de la vie et de la personnalité du Père Charles de Foucauld. Ce prêtre, qui s'était retiré au Maghreb pour y vivre en solitaire et y prier pour les musulmans, l'avait enthousiasmé. Il projeta d'entrer dans la congrégation des "Petits Frères du Sacré-Cœur", fondée par des prêtres ayant adopté la règle composée par Charles de Foucauld et qui, eux aussi, partaient vivre au Maghreb pour y prier au milieu des musulmans.
Vers 1937, il fit une retraite chez les Trappistes pour prendre conseil et savoir s'il pouvait s'engager dans cette congrégation. Une fois encore la réponse fut décevante : "Vous faites du bien là où vous êtes et votre santé ne vous permet pas d'envisager une entrée dans cette congrégation dont la règle et le mode de vie ne sont pas compatibles avec votre état". Quelque dix ans plus tard, alors qu'il était curé d'une paroisse rurale - l'ère de l'œcuménisme étant arrivée -, il trouva, éditée par un groupe œcuménique, une image au dos de laquelle était imprimé, en français, le texte de la Fatiha . C'est alors qu'il prit l'habitude de réciter cette fatiha chaque jour après ses prières chrétiennes.
En 1957, n'espérant plus pouvoir réaliser un voyage en pays musulman, il profita d'une excursion dans la capitale pour visiter la Mosquée de Paris afin de prier silencieusement là où les musulmans se rassemblaient pour la prière commune. Pendant que les touristes, auxquels il s'était joint, écoutaient les explications du guide, il pria silencieusement de toute son âme, en communion avec les musulmans du monde. Et à la sortie, sous le cloître de la Mosquée, il acheta une traduction du Coran (celle d'Édouard Montet 1 ). En trois nuits, il lut tout le Coran. Malgré la difficulté qu'éprouve tout occidental devant la composition de ce texte qui déroute et ne ressemble en rien à la présentation que l'on trouve dans la Bible ou les Évangiles, il fut favorablement impressionné par ce Coran, tout débordant de la transcendance de Dieu et de sa miséricorde. Il y trouva, aussi bien que dans les écrits chrétiens, la réponse à toutes les grandes questions que se pose tout esprit réfléchi sur la destinée humaine.
Action sociale... et spirituelle
N'étant pas à même, dans sa campagne, de rencontrer des musulmans ni même des personnes connaissant bien l'islam, il se contenta de lire une ou plusieurs fois par an le Saint Coran, soit en entier, soit par sourates détachées. Trois ans, plus tard, vaincu par la maladie il se retira en ville. Et par suite de circonstances imprévues, il fut conduit à l'action sociale auprès des prolétaires et des plus pauvres. Parmi eux se trouvaient des musulmans. Quand il accueillait des Maghrébins ou des Africains, il ne les réduisait pas à des "travailleurs migrants" mais leur parlait de l'islam, donnait des conseils selon les versets du Coran. Très vite, en parlant avec eux, il obtint la confiance des musulmans et se rendit compte que ces croyants, isolés et exposés aux tentations du milieu français, manquaient d'un indispensable lieu de culte : une mosquée. Il sollicita l'évêché qui, au bout de quelques mois, mit à sa disposition des salles dont on put faire une mosquée.
Certes, tout cela n'alla pas sans déboires ni déception! Il reçut même des contre-témoignages aussi bien de la part d'autorités islamiques ou de prétendus imams que de simples musulmans de base. Il n'en perdit pas pour autant son respect pour l'islam, sa confiance dans la doctrine et la morale islamique. Parfois, il se disait que l'islam, dans le Coran et les livres de soufis, était admirable mais bien décevant dans le vécu des musulmans. Inversement, il connaissait des Maghrébins et des Africains noirs merveilleusement protégés des tentations de notre civilisation européenne grâce à leur croyance islamique et à leur fidélité aux pratiques religieuses de l'islam. Aussi, il surmonta toutes ces difficultés et s'acharna à faire fonctionner, tant bien que mal, la mosquée. Il faillit pourtant perdre courage et se demanda alors si Dieu voulait vraiment de cette mosquée.
Contact avec le Tabligh
Au moment le plus critique, un groupe du Tabligh , ayant appris l'existence de la mosquée en cette ville, arriva chez lui. C'était le 6 janvier 1975. Aussitôt une confiance mutuelle s'établit entre ces frères et lui et quinze jours plus tard, il se rendit à la mosquée de Clichy. Là, il fut profondément touché quand les frères lui proposèrent de faire la prière avec eux. Cette prière dont il avait tout seul appris la Fatiha , et qu'il faisait parfois quand des musulmans de sa ville venait chez lui. Le Tabligh prit en main la mosquée et, depuis, le culte y fut régulièrement assuré. En juillet 1975, l'Évêché vendait les locaux de la mosquée à l'association "Foi et Pratique" du Tabligh , avec de grandes facilités de paiement.
Voyage au Pakistan
Ce contact avec les frères du mouvement Tabligh lui fit connaître de nombreux musulmans authentiques, convaincus, dévoués à la cause de l'islam et très pieux. Le 6 janvier 1976, il partit avec un groupe du Tabligh , sortant fî sabîl Allah , quarante jours au Pakistan. Voyage physiquement très éprouvant, mais, là encore, procurant des contacts prolongés avec une communauté musulmane exigeante et fervente. D'une manière générale, il fut particulièrement impressionné par l'accueil de ces musulmans, en France comme au Pakistan ainsi que par celui des étudiants islamiques de Clermont-Ferrand, bien que tous le savaient prêtre catholique! Par trois fois, on lui demanda de prendre la parole dans une mosquée. Il fut également troublé par la discrétion de ces frères musulmans qui, jamais, ne firent pression sur lui pour qu'il se convertisse à l'islam. Il apprit donc par sa propre expérience, ce qu'il fallait penser de la prétendue intolérance et du prétendu fanatisme des musulmans.
Pendant toutes ces années, par souci du respect de "l'autre" et afin de pouvoir dialoguer, il approfondit ses connaissances de l'islam. Par fraternité avec les croyants musulmans, depuis 1976 (et tout en conservant sa foi chrétienne et les prières chrétiennes), il effectuait régulièrement, même seul, les cinq prières musulmanes quotidiennes; il s'abstint de porc et d'alcool et jeûna le mois de Ramadan. En même temps, afin d'apporter des réponses très exactes aux musulmans qui le questionnaient sur le christianisme, il reprit la consultation de ses manuels de théologie. Il étudia de nouveau et entreprit une lecture approfondie de la Bible et des Évangiles ainsi que des livres d'exégèse. C'est ainsi qu'il put vérifier que la morale proposée par Jésus et celle du Coran ou des hadiths (formulée différemment), était identique en son fond. Quant à la dogmatique au sujet du Dieu unique, de la Création et de la destinée humaine, il enregistrait entre les deux messages de nombreux points de convergence.
Nature de Jésus
La plus grande difficulté résidait en la personne de Jésus et sa mission. C'était la pierre d'achoppement! Fallait-il dire, comme certains, que Muhammad avait fait reculer la croyance au stade qui avait précédé les Évangiles ? ou bien, comme d'autres le prétendaient, que Muhammad avait purifié la personne de Jésus de tout ce que l'Église et les chrétiens avaient surajouté à sa nature réelle? Il y avait également ces questions : Dieu UN ou Dieu Trinité? quel était le fondement du dogme de la Trinité dans les Évangiles et dans les dogmes de l'Église? quelle était l'origine des sacrements ? pour aller à Dieu faut-il obligatoirement passer par l'Église, ou, selon l'islam, sans intermédiaire ? Dieu sauve-t-il de lui-même par sa grande miséricorde ou par le sacrifice obligatoire de Jésus son fils ?
Pendant des années, il étudia toutes ces questions. Et il découvrit les transformations que, dans les générations successives, les hommes avaient fait subir à la Bible. Il s'assura que la doctrine de l'Église n'avait que peu à peu accédé aux dogmes que l'on présentait comme intangibles et immuables. Il s'interrogeait : dans les Évangiles actuels, qu'est-ce qui est parole de Jésus, qu'est-ce qui est interprétation des évangélistes, tous influencés par les écrits de Paul de Tarse ? Le Jésus des Évangiles et le Jésus de Paul est-il bien le même que le Jésus historique?
En étudiant les "hérésies", il discerna le côté humain de l'histoire des dogmes ainsi que l'influence des empereurs romains puis byzantins sur l'évolution des croyances chrétiennes, si différentes et contradictoires en ces premiers siècles. Qui avait raison? Qui possédait la vérité? Et ces divergences se prolongeaient à travers les siècles, étouffées par une hiérarchie qui se proclamait infaillible, mais sans preuves convaincantes. Certes, la doctrine chrétienne catholique, telle que présentée dans les manuels d'enseignement destinés aux fidèles et à ceux qui se préparent au sacerdoce, offre un tout logique et satisfaisant pour le cœur et pour l'esprit. Elle peut susciter une adhésion confiante, surtout quand elle est exposée, comme il y a cinquante ans, dans des affirmations solennelles et péremptoires. Mais sous des dehors solides, ces affirmations, soumises à une "fouille" et à des comparaisons de plus en plus faciles aujourd'hui, apparaissent comme des déductions et des accommodements par rapport aux textes sacrés. Ces transformations ont durci ou exalté des notions que l'on dit implicites dans les textes mais qui n'ont pas toujours revêtu la même netteté ni la même signification au cours des siècles. De même, on a formulé des règles de vie qui doivent beaucoup plus aux cogitations des théologiens qu'aux textes de référence. C'est peu à peu que dogmes et disciplines chrétiennes se sont formés et imposés pour donner cette belle unanimité qu'exhibent les manuels. Mais que de courants divers et différents dans les premiers siècles de l'Église! Il a toujours été facile au parti dominant, souvent soutenu par la puissance temporelle des rois et empereurs d'étouffer certains points de vue, certaines opinions en les déclarant "hérétiques", voire en supprimant ces hérétiques.
Aujourd'hui, on assiste à une évolution. L'Église officielle proclame majestueusement la continuité du dogme, mais une certaine liberté d'expression étant tolérée, on voit des savants spécialistes battre en brèche des idées et des affirmations jusque-là déclarées absolues. Du reste, dans la vie quotidienne de la communauté ecclésiale, tout comme dans la pratique des chrétiens, se manifeste des abandons, des remises en cause, un malaise que l'Église officielle ne peut plus ni dominer ni voiler.
Le christianisme a beaucoup apporté au monde mais il n'est pas le seul à avoir façonné la conscience universelle. À côté de données fondamentales qui se retrouvent dans les grandes religions monothéistes, à côté du message de Jésus transmis à travers les Évangiles, que de croyances ajoutées, de rites imposés sans sérieuses bases scripturaires ni théologiques! Jésus s'est présenté lui-même comme le "serviteur" de Dieu, d'après les Évangiles : il n'a jamais demandé qu'on l'adore comme un Dieu.
Expansion de l'Église et de l'Islam
On a souvent mis en avant, pour établir l'origine divine de l'Église la rapidité de son développement et sa pérennité à travers les siècles. À la réflexion, on peut reconnaître deux causes humaines à ce développement : l'usage du latin et du grec, les deux langues utilisées dans l'empire romain, a facilité l'expansion du christianisme qui n'a pas eu à affronter le handicap de multiples langues, et surtout, à partir de l'empereur Constantin (312-337), le christianisme étant proclamé "religion d'État", il était naturel que les peuples soumis à Rome et ayant pris l'habitude de rendre un culte officiel et imposé au "divin César", se montrent prêts à accepter le nouveau Dieu proposé certes par l'Église chrétienne mais également par l'empereur romain maître du monde 2 .
Examinons l'expansion de l'islam. Un homme, le Prophète Muhammad, appelle à une croyance et à une pratique rigoureuse; il n'est suivi, au début, que par une poignée d'hommes de modeste origine, et se trouve en but aux vexations des puissants. Proposant une croyance et une morale, il est obligé de fonder un État et de le défendre. De son vivant, la révélation est confiée à quelques apôtres mais également apprise par cœur par de nombreux adeptes, puis consignée par écrit : le "Coran" répand, à son tour, le message à de nombreux peuples malgré la diversité des langues. Un siècle après la mort du Prophète, l'Islam forme un empire religieux qui, de Médine, s'étend dans toutes les directions jusqu'en Europe. Et cet empire religieux persiste, sans chef, sans hiérarchie, malgré les dissensions internes (plus personnelles ou politiques que théologiques). Il résiste aux Croisades lancées contre lui par la chrétienté. Il résiste à l'oppression sournoise de la colonisation. L'activité des missionnaires chrétiens ne peut l'entamer. On le voit aujourd'hui s'étendre et multiplier ses adeptes dans le monde entier. Si Dieu n'était pas avec lui, l'islam aurait-il pu naître, progresser, résister à toutes ces forces déchaînées?
Conversion
Et cet islam reste ce qu'il était du vivant du Prophète : dogme et culte inchangés, tous deux sans déviation, ni compromissions avec les puissances humaines ou politiques, avec les civilisations rencontrées; accepté et suivi (au prix même de persécutions - car l'islam a aussi ses martyrs) par des peuples si divers, des hommes de conditions, classes, cultures variées, voire opposées et cela depuis treize siècles. Ces considérations, mesurées, réfléchies, l'ont peu à peu conduit à se poser la question fondamentale. Il lui a fallu des années pour parcourir cet itinéraire spirituel, avec sérieux, calme et patience. Certes, cela n'a pas été sans perplexité, ni arrachements, ni brisures. Mais, en conscience, il a reconnu l'appel de Dieu.
Christianisme, islam, il les avait pratiqués et servis de toute son âme.
Mais le temps était venu où il se devait de choisir. Silencieusement, il se détermina et secrètement il adhéra à l'islam. Pendant près de cinq années, prisonnier de sa famille, de son milieu et des circonstances, il dut vivre cette conversion dans le secret. Maintenant que les circonstances le laissent plus libre, il attend le moment propice - qui ne saurait tarder - pour avertir de sa décision ses chefs spirituels chrétiens et faire la démarche officielle de son entrée en islam par la profession de foi devant témoins. Quelles seront pour lui les conséquences? les réactions de son entourage?

Abdelmagid Jean-Marie DUCHEMIN

lundi 14 janvier 2013

Poeme sur le Tabligh en anglais

They came a-knocking on my door,
Not one- not two- not three, but four
I was half asleep you could hear me snore
Those brothers with tablighi tendencies hardcore.
I tried my best to ignore,
Those people whom I used to abhor,
I always thought of tabligh as quite a bore.
Those pacifists who never talk of war.
But this was before I used to pray
To me spirituality was just a cliche,
So I wasted my entire life away
9 to 5 work was my routine everyday
But something woke me from my hibernation,
Perhaps it was divine decree for my salvation?
So I went down the stairs with trepidation
And opened the door with hesitation.
We exchanged salams and I let them enter,
They suggested I visit the markaz- the tablighi center,
So I agreed eventually not wishing to dissent
And they made me stand and wrote down my intent.
And ever since I have travelled the globe,
In my coloured hat and delightful robe,
Gone are the nights of the flashing disco strobe
The Masjid has become my nocturnal abode.
And in my days I call to ALLAH-the heavenly Lord,
And besides him none deserves to be adored,
Doors are slammed in my face and I am often ignored,
But I aspire in Jannah to a great reward
I no Longer drive a Lamborghini,
My wife sports now a niqaab, and not a bikini
The sunnah of milk has replaced my Vodka martini,
Oh what joy to be a tablighi
What do kings know of what we own?
They but delight in their earthly throne
Praise be to God who kept the pleasures of tabligh unknown,
How can the deaf man appreciate Beethoven’s tone?
How many a person has been caused by tabligh to convert,
By the simplicity of message-pure and clean without dirt
This sweet spiritual nectarous desert,
Waking and changing sinful hearts that once were inert
There may not be pamphlets or elaborate computer graphics,
No polished speeches to give people kicks,
No free-mixing of guys and chicks
Like some conferences –we’ve all seen the pix
But to nourish water just needs to be simple and pure
This much my friend I can assure
That though it has no electrifying allure
It’s a way oft-tried and most secure
Scientists say a true equation’s truth lies in its simplicity,
So Said William of Ockham in conformity,
Tabligh is simple , true and full of authenticity,
In both worlds it will give you felicity.
There’s no takalluf – or fake duplicity,
Only a shallow pond pretends to have depth with turbidity,
So in this age of media spin an sophistry
Tableegh provides us with many a refreshing quality
Purity, probity, modesty, integrity, certainty.

http://theijtema.wordpress.com/2012/10/20/poem-on-the-work-of-tabligh/

Cheikh AbdalLah Moslih devancé par un groupe en sortie